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II. — LES BRETONS INSULAIRES : BRIEUC, RIGWAL, FRACAN.


C’est sur ce littoral encore habité, mais ravagé, que se sont établis, dans la seconde moitié du ve siècle, des groupes nombreux de Bretons insulaires, fuyant devant l’invasion saxonne[1]. Les émigrés bretons et les indigènes armoricains : voilà les deux principaux éléments de notre race. À partir de ce moment, l’histoire commence véritablement pour nous.

La ville de Saint-Brieuc doit son origine et son nom à un missionnaire venu de Grande-Bretagne en Armorique, à la fin du ve siècle. L’ancien légendaire de la cathédrale et les vieux bréviaires l’appellent Brioccius ou Briocus, Brieuc, Corriticianœ regionis indigena, originaire de la Corriticie. Cette région, indiquée comme le lieu de sa naissance, est-elle l’Irlande, le pays de Galles ou la Cornouaille ? Les historiens ne sont pas d’accord sur ce point, non plus que sur la date de l’arrivée de Brieuc dans notre pays, date que certains d’entre eux font varier d’un siècle. En suivant ceux dont la critique paraît plus judicieuse, nous accepterons la date de 465 environ. L’empire d’Occident était alors sur le point de disparaître et les Francs qui envahissaient la Gaule avaient pour chef Childéric, père de Clovis.

Pour écrire la première page de l’histoire de notre cité, nous n’avons pas hésité à recourir à nos livres de liturgie. « Quoique les anciens Bretons aient apporté avec eux de leur île l’esprit de fable, et qu’il se soit répandu particulièrement dans les légendes de leurs saints », nous admettrons volontiers avec dom Lobineau, « qu’ils n’ont dû supposer ni leurs noms, ni les principales circonstances de leur vie. »[2]. Dans ces limites si sagement posées par le

  1. Histoire de Bretagne, par dom Lobineau, complétée par le remarquable Précis des origines de l’histoire de Bretagne, de M. A. de La Borderie.
  2. Histoire de Bretagne, par dom Lobineau, t. i, livre 1.