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savant bénédictin, nous avons consulté, comme nous l’avons dit au chapitre préliminaire, l’Office de saint Brieuc, de 1621, et la Vie de saint Brieuc, par La Devison, ces deux ouvrages contenant la substance et quelquefois des extraits d’une ancienne chronique, conservée à cette époque dans le trésor de la cathédrale.

De ces documents, rectifiés quant aux dates d’après les travaux les plus autorisés, il résulte pour nous que Brieuc était né de parents païens, que son père s’appelait Cerpus et sa mère Eldruda. Amené en Gaule, dès sa jeunesse, par saint Germain d’Auxerre[1], il avait fait sous cet excellent maître de rapides progrès dans la science et la vertu. De retour en Grande-Bretagne, il avait converti ses parents, ses amis et fondé un monastère dans lequel étaient accourus de nombreux disciples. Poussé par le zèle de l’apostolat, il quitta son pays vers l’époque que nous avons indiquée, aborda sur la côte où s’éleva plus tard Tréguier, repassa dans son pays que dépeuplait la peste, puis se rembarquant avec 84 de ses compagnons, il arriva, dit la chronique, à la rivière du Sang, qui n’est autre que le Gouët, et, remontant la rive gauche, il s’arrêta sur le bord d’une fontaine, dans un vallon qu’entourent le Gouët et le Gouédic, en formant ce que les vieux titres appellent la Vallée double[2]. Voici comment nous le présente à son arrivée le chanoine La Devison, qui a su faire revivre dans son récit le charme et la foi des vieux âges : « Ce lieu n’estoit pour lors qu’vne affreuse solitude et

  1. Saint Brieuc a-t-il été disciple de saint Germain d’Auxerre, ou de saint Germain de Paris ? Appartient-il avec le premier au ve siècle, ou avec le second au vie ? Cette question, très controversée, a été bien résumée par l’abbé Ruffelet dans ses Annales. D’après l’ancien Bréviaire, Albert Le Grand et l’abbé Gallet, il faudrait donner saint Germain de Paris pour maître à saint Brieuc. Ce serait au contraire saint Germain d’Auxerre, d’après le Propre diocésain du xviiie siècle, les Vies des Saints traduites de l’anglais, dom Lobineau et les historiens de son école. Cette dernière opinion nous paraît mieux concorder avec le récit que font les chroniqueurs de l’émigration de saint Brieuc et de ses rapports avec Rigwal.
  2. Devenit ad flumen quod vocatur sanguis... super binæ vallis fontem residere nuntiat. (Ancienne chronique citée par La Devison).