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ment, qui ne pouvait manquer de corroborer l’esprit public, on ajouta des amusements « rappelant la simplicité des fêtes champêtres », et on ouvrit une souscription pour se procurer des musettes. À quelques temps de là, un bal fut donne dans le sanctuaire de la cathédrale[1].

À côté de ces scènes honteuses, nous croyons juste de tenir compte de quelques actes de résistance qui n’étaient pas sans danger pour des administrateurs. Le conseil de la commune qui, malgré les ordres de la Convention, avait tardé à délibérer sur le remplacement des sœurs grises et des dames de l’hôpital, accueillit, dans le mois d’avril 1794, une pétition présentée par M. Ferrary, au nom de 366 catholiques qui ne craignirent pas, en pleine Terreur, de demander une église pour célébrer leur culte conformément aux lois. Le conseil leur accorda la chapelle Notre-Dame ; mais un arrêté de Carpentier ordonna de fermer la chapelle et d’arrêter les religieuses, qui furent conduites à la maison des ci-devant capucins, convertie en prison. On les remplaça, dans le soin des malades et des enfants abandonnés, par quatre citoyennes ayant fait preuve de civisme.

Du reste, on ne voulait plus de prêtres, pas plus des schismatiques que des orthodoxes. Si quelques-uns des premiers devinrent apostats, il faut reconnaître cependant qu’un grand nombre, l’évêque Jacob en tête, préférèrent la prison à l’abjuration, mais cela ne suffisait pas pour relever la foi dans les âmes. On vit en effet jusqu’à quel abaissement peut descendre un peuple qui a laissé ses maîtres disposer de ses croyances religieuses. Quand le vertueux Robespierre, vainqueur des hébertistes, eut entrepris de moraliser la nation et proclamé Dieu, on se soumit avec une complète indifférence et la Société populaire s’empressa, le 8 juin, de célébrer la fête de l’Être suprême, avec un programme aussi dérisoire que celui dont elle s’était servi pour la fête de la Raison.

  1. Un peu plus tard, la cathédrale servit d’étable à bœufs. Les rues avoisinantes furent de nouveau fortifiées comme au xvie siècle ; un corps de garde fut installé dans l’une des tours, en l’an iii, et un canon y fut placé pour battre la place du Pilori. Enfin, en l’an vi, on permit d’élever autour de l’édifice les échoppes qui en ont si longtemps souillé les abords.