Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Société, renouvelée par l’introduction de nouveaux membres, fit enlever de la salle de ses séances l’image de Marat, écrivit en faveur de plusieurs prêtres et nobles, et s’agita quelques temps encore sans pouvoir effacer la tache qui couvrira toujours son nom.

Quant aux anciens terroristes, le conseil de la commune leur refusa des armes, il est vrai ; mais avec une indulgence exagérée il ajouta, dans un rapport à la Convention : « S’il s’est trouvé à Port-Brieuc de ces hommes pervers qui ont été sciemment les bourreaux de leur patrie, sans doute ils sont rares dans nos murs, et plusieurs de ceux qui auraient paru servir le système horrible de la Terreur, ne furent qu’égarés et ne commirent d’excès que par un zèle mal dirigé. » Ce jugement est dicté par une bien grande faiblesse et l’histoire ne saurait le ratifier. Certes, les actes que nous avons cités seraient à dédaigner s’ils n’avaient eu qu’un côté bouffon, mais quand il a suffi de quelques scélérats pour terroriser une ville honnête, en s’appuyant sur un semblant de gouvernement, il est nécessaire de le rappeler, parce qu’il y a là un grand enseignement. Tout ce qu’il est possible de faire, c’est en flétrissant les excès, de laisser dans l’ombre les noms de ceux qui ont été la honte et la terreur de la cité dans ces tristes jours.

Palasne avait été dénoncé plusieurs fois par la Société populaire. On lui reprochait d’avoir écrit, avant l’arrestation des Girondins, que la Convention n’était pas libre, qu’elle discutait sous la hache des factieux, que la patrie était perdue, qu’il fallait un miracle pour la sauver. Bien que les sections à Saint-Brieuc ne se fussent pas prononcées contre lui et que le conseil de la commune lui eût même été plusieurs fois favorable, il était menacé ; aussi comprend-on qu’il ait pris une part active au 9 thermidor. M. Thiers le constate en ces termes, dans son Histoire de la Révolution (t. vi, chap. vii), en parlant des Montagnards qui voulaient renverser Robespierre : « Il leur fallait pour cela le concours des députés de la Plaine, qu’ils avaient souvent menacés et que Robespierre, affectant le rôle de modérateur, avait autrefois défendus. Ils avaient