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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/239

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obligée d’admettre 14,094 fr. 50 de dépenses dans lesquelles figuraient 2,400 fr. pour les fêtes publiques. Les recettes, comprenant 15 centimes additionnels à la contribution foncière et à la mobilière et le 10e des patentes, étaient évaluées à 5,742 fr. 30. Il y avait donc un déficit, et ce déficit s’étant produit dans presque tous les cantons, il fallut s’adresser au Corps législatif pour en obtenir une imposition extraordinaire. Or, la perception de l’impôt devenait très difficile. En vain la loi du 22 brumaire an vi avait-elle établi, dans chaque département, une agence des contributions directes pour faciliter la répartition et le recouvrement des impôts ; en vain les commissaires du Directoire poursuivaient-ils la saisie et la vente des biens des comptables, l’administration départementale avait dû plus d’une fois suspendre ces rigueurs, en reconnaissant que les contribuables étaient épuisés par la guerre intestine, les mauvaises récoltes et la succession rapide des différents impôts. C’est ainsi, pour ne parler que des extraordinaires, qu’on eut recours aux emprunts forcés, dont l’un de 100 millions fut réparti comme un impôt en l’an vii.

Parmi les causes de désordre, nous venons de signaler la guerre civile. Le Directoire semblait l’entretenir à plaisir par ses mesures violentes contre les prêtres et les chouans. L’administration départementale avait cru décapiter le parti en faisant arrêter deux de ses chefs, Legris-Duval et Kerigant ; mais les hommes d’action ne manquaient pas dans les Côtes-du-Nord : il restait encore Carfort, Duviquet, Mercier, dit La Vendée, D’ailleurs la chouannerie était une guerre de fossés, d’embuscades, aujourd’hui assoupie, demain renaissante. L’organisation de la garde nationale étant impossible dans les campagnes, on forma contre les chouans des colonnes mobiles, dont les excès soulevèrent les plaintes des municipalités. Il n’y eut peut-être jamais, pas même sous la Terreur, plus de victimes que pendant les dernières années du Directoire, parce qu’on les fusillait sans jugement.

Saint-Brieuc, ville ouverte, fut plusieurs fois visitée par les chouans, qui voulaient délivrer leurs amis prisonniers.