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Duviquet, ancien officier au 104e dont le régiment tenait encore garnison à Saint-Brieuc, entreprit avec Carfort de s’emparer par ruse de la prison. Il s’était procuré douze uniformes du 104e, pour en revêtir ses hommes ; mais la porte de la prison resta fermée et le stratagème échoua.

En rejoignant ses cantonnements, Duviquet surprit, au hameau de la Mirlitantouille, sur la route de Moncontour au Pontgamp, un détachement de républicains, lui tua quelques hommes et fit prisonnier le capitaine L’Honoré. Il commit alors l’imprudence de se reposer dans un champ, après avoir congédié les siens, et fut surpris à son tour par une colonne sortie de Moncontour. Conduit à Saint-Brieuc, il y fut jugé et exécuté le lendemain de son arrestation (1er messidor an vi, 19 juin 1798). Il mourut avec courage, en criant : « Vive mon Dieu ! vive mon roi ! » On apprit bientôt que les chouans avaient exercé de tristes représailles et fusillé le malheureux capitaine L’Honoré.

Seize jours après, MM. Legris-Duval, de Kerigant et autres détenus furent traduits à Saint-Brieuc devant le 1er conseil de guerre de la 13e division militaire, présidé par Palasne de Champeaux, chef de brigade au 15e chasseurs à cheval[1]. Legris-Duval et un accusé contumace furent condamnés à mort ; sept, à la déportation ; les autres furent acquittés. Les condamnés se pourvurent en révision. L’administration, fatiguée, dit-on, de la longueur de ce procès, qui lui avait causé bien des ennuis, ordonna de mettre tous les prisonniers en liberté. Cet acte si extraordinaire, si peu en harmonie avec les mœurs de l’époque, a été expliqué d’une autre manière par la famille des principaux condamnés. Le président du tribunal criminel aurait reçu de Mme de

  1. Antoine Palasne de Champeaux, fils du sénéchal, naquit à Saint-Brieuc, le 17 mai 1769. Capitaine en 1793 et chargé de l’armement du littoral des Côtes-du-Nord, il était, à la fin de la même année, adjudant-général dans l’armée de Tribout, bien qu’il n’eût que 18 mois de services. En 1795, il défit une colonne de chouans près de Caulnes et fut vaincu par Tinténiac à Coëtlogon. Au mois de septembre 1797, il figurait sur les registres de l’état civil comme époux de Jacquette Digaultray du Quartier ; il était déjà chef de brigade au 15e chasseurs à cheval, commandant le 87e arrondissement maritime et président du conseil de guerre de la 13e division militaire.