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Kerigant, avec l’autorisation de ses collègues, 24,000 francs en or, en échange de l’établissement des prisonniers. L’absence d’enquête et le silence gardé par cette affaire n’ont fait qu’accréditer cette version, qui du reste a été publiée sans être démentie. On a même ajouté qu’au moment où les prisonniers libérés célébraient à table leur délivrance dans une maison de la rue des Bouchers, ils reçurent l’avis de se sauver au plus vite, et que Mme Legris, restée seule au logis, fut aussitôt arrêtée et reconduite en prison. — Que résulta-t-il de tous ces faits ? La réorganisation de la chouannerie dans les Côtes-du-Nord.

1799 (an vii et an viii). — Cette année mit le comble au désordre. Saint-Brieuc ne vit qu’une solennité pacifique. Le 10 prairial an vii (29 mai), on célébra tout à la fois la fête de la Reconnaissance et l’inauguration de l’école centrale. On y entendit, le matin, des discours plein d’érudition ; l’après-midi fut consacrée à la fête de la Reconnaissance, au tir à la cible et à la course à cheval. Suivant la mode du temps, les vainqueurs reçurent, outre le prix annoncé, une couronne de laurier.

Une cérémonie d’un genre tout différent et très extraordinaire eut lieu, le 8 juin, en souvenir de trois plénipotentiaires français, assassinés à Rastadt au moment où ils allaient négocier la paix avec l’Autriche. La première partie de la cérémonie se passa sur la place de l’Égalité, autour d’un cénotaphe, et la seconde, dans la salle de spectacle (ancienne chapelle du séminaire), en face d’une pyramide couverte d’inscriptions. La musique, jouant des airs funèbres, alternait avec les discours et les imprécations par lesquelles on dévouait le tyran de l’Autriche aux furies. Ce fut la dernière des représentations officielles inspirées par le gouvernement du Directoire. Nous n’avons pu les passer sous silence, parce qu’elles expriment trop fidèlement les idées et les mœurs de l’époque.

Au dehors, sauf les derniers échos de la glorieuse expédition d’Égypte, on n’entendait que le récit des revers de nos armées en Allemagne et en Italie, du coup d’État du Directoire contre les patriotes, de ses dilapidations qui