Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/247

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En rétablissant les faits tels qu’ils se sont passés, et en écartant ce qui nous semble appartenir à la légende, il ne saurait entrer dans notre pensée de diminuer le mérite de ceux de nos concitoyens qui ont été tués en défendant leur cité envahie. Pour ceux-là, le sacrifice fut complet et les détails imaginés après coup n’ajouteront rien à leur dévouement. Réunissons donc dans un même sentiment de respect :

Darthuy, peintre en bâtiments ; Gautier, marchand-tailleur ; Botrel, commis à l’administration centrale ; Marvis, commis au bureau du payeur ; Le Breton et Chardronnet, gardes nationaux ; Couture, musicien de la 13e demi-brigade ; Fournier, gendarme ; Valin, maréchal-des-logis de gendarmerie ; Poulain-Corbion, commissaire du Directoire exécutif.

Parmi ces morts honorés, Poulain-Corbion occupait le premier rang par sa position et les services qu’il avait rendus. L’un des principaux représentants de Saint-Brieuc, au début et à la fin de la Révolution, il en avait connu les ardeurs et aussi sans doute les amertumes. Il aurait voulu, comme Palasne, en empêcher les excès. Sa mort lui a fait une mémoire inviolable en dehors des partis.

Après avoir rendu hommage aux républicains qui se sont dévoués, nous devons être impartial à l’égard des chouans, car nous voulons servir la vérité et non un parti. Nous savons déjà comment ils épargnèrent à la prison le geôlier Peyrode. Le sieur Grandchamp, dont la maison leur servit d’ambulance, déclara dans l’enquête qu’il n’y avait eu chez lui ni pillage ni dévastation et « que leur conduite avait été assez honnête pour des chouans. » La citoyenne Pouhaër, femme Conan, qui vint chez Grandchamp soigner les blessés, trouva leur chef également honnête. Il ne faudrait certes pas abuser à l’égard de tous les chouans d’une pareille épithète, car une troupe armée ne saurait envahir une ville, la nuit, sans y commettre des