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dénoncèrent les projets du parti contre-révolutionnaire, soutenu par le cabinet de Saint-James. Voyant partout « des armées de rebelles commandées par des chefs audacieux », ils invitèrent le général Casabianca à faire arrêter les pères, les mères et les aïeuls des brigands armés et firent à Brest une réquisition de 2,000 hommes qui fut rejetée. Réduits à leurs seules forces, ils résolurent d’entourer la ville de retranchements et firent à cet effet, dans un rayon de plus de deux lieues, des réquisitions à titre gratuit d’hommes avec pelles, pioches, civières et harnais, et même de maçons et de charpentiers ; mais bientôt les habitants de Saint-Brieuc, les premiers, désertèrent les travaux. Le désordre était à son comble quand on apprit, quinze jours après l’entrée des chouans à Saint-Brieuc, que Bonaparte s’était emparé du pouvoir, en faisant le coup d’État du 18 brumaire (9 novembre 1799). La France, lasse des révolutions, acclama le héros des campagnes d’Italie et d’Égypte et le laissa promulguer la constitution dite de L’an viii (24 décembre 1799), qui maintenait la République sous la forme du Consulat. Cette date marque la fin du xviiie siècle et de la première Révolution.

I. — SITUATION ÉCONOMIQUE ET ADMINISTRATIVE.


Les détails que nous avons donnés au cours du récit précédent ont fait connaître l’état de l’agriculture, de l’industrie et du commerce pendant la période de la Révolution. Sous la Convention, toute industrie était morte, excepté celle « des citoyens cordonniers préparant des chaussures pour les armées. » Ajoutez-y les ateliers d’armes établis dans l’hôtel de Beauvoir et ceux de fabrication de salpêtre, placés sous la direction du citoyen Le Maout, voilà tout ce que Saint-Brieuc produisit dans cette triste époque. On ne songeait guère, en effet, à travailler pour d’autres que pour le gouvernement, quand on voyait, par exemple, les presses de la maison Prud’homme mises en réquisition, en 1793, et envoyées à Brest, d’où elles ne