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Le 31 juillet, la ville et le diocèse perdirent Mgr Lemée, dont l’épiscopat, tout rempli de bonnes œuvres, avait révélé un organisateur de premier ordre.

Tous ces événements, malgré leur importance, s’effacèrent devant l’éclat du voyage impérial, sur lequel on fondait tant d’espérances. L’empereur et l’impératrice, après être allés par mer de Cherbourg à Brest, et par terre, de Brest à Lorient, avaient traversé la Bretagne par Sainte-Anne d’Auray, Napoléonville, Loudéac et Moncontour. Leurs Majestés arrivèrent à Saint-Brieuc, le 17 août 1858, vers 4 heures du soir, accompagnées d’une troupe de cavaliers bretons. Les maisons étaient pavoisées sur le parcours du cortège, et le coteau de Gouédic, à l’entrée de la ville, était couvert d’une population immense. Presque toutes les communes des arrondissements de Saint-Brieuc, de Guingamp et de Lannion avaient fourni un contingent. L’enthousiasme était indescriptible. Le maire, entouré du conseil municipal, présenta, suivant l’usage, les clefs de la ville à l’empereur et, s’adressant à l’impératrice, associa dans un même hommage les noms des deux souverains et ceux d’Anne de Bretagne et de Louis XII, le père du peuple. Le mot le plus remarqué de la réponse fut celui-ci : « Il y a bien longtemps que je désirais venir dans votre ville, pour causer avec vous de vos intérêts et étudier sur place les moyens d’y satisfaire ». Sur le passage du cortège on ne voyait qu’arcs de triomphe avec ces inscriptions : « À l’empereur, les ouvriers de la Société des secours mutuels ! — Au protecteur de l’agriculture ! — À l’empereur, le commerce des Côtes-du-Nord ! — À S. M. l’impératrice, les dames de Saint-Brieuc ! » On remarquait aussi deux statues colossales, dues à deux de nos compatriotes : celle de l’Agriculture, par Ogé, et celle de la Bretagne, par L. Durand.

L’empereur et l’impératrice se rendirent d’abord à la cathédrale, où le Domine salvum fut chanté, puis à la préfecture, où ils trouvèrent une députation de jeunes filles et les femmes des principaux fonctionnaires. Après la réception des autorités religieuses, civiles et militaires,