Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Léonard-Victor Charner naquit à Saint-Brieuc le 13 février 1797. Son père était venu de Suisse établir dans notre ville une distillerie, au commencement de la Révolution. Le jeune Charner, admis le second, en 1812, à l’école navale de Toulon, en sortit aspirant de 1re classe en 1815, fut promu enseigne de vaisseau en 1820 et lieutenant de vaisseau en 1828. À partir de ce moment, il se fit apprécier par de solides qualités. Au mois de juillet 1830, il prenait part à l’expédition d’Alger, et, à son retour, il faisait paraitre un mémoire sur la durée des évolutions navales. Ce travail fut signalé comme le dernier mot sur la tactique des navires à voiles, ce qui n’empêcha pas son auteur d’étudier l’un des premiers les secrets de la navigation à vapeur. En 1832, il obtenait, après la prise d’Ancône, la croix de la Légion d’honneur et, en 1837, le grade de capitaine de corvette. Il fallait que sa réputation fût déjà bien établie dans la marine, pour que le roi Louis-Philippe le chargeât d’accompagner, sur la Belle-Poule, le prince de Joinville, qui avait sollicité la mission d’aller à Sainte-Hélène chercher les cendres de Napoléon Ier. Ce fut là l’origine des relations intimes qui existèrent bientôt entre le commandant Charner et la famille d’Orléans. En 1841, il fut nommé capitaine de vaisseau et fut presque constamment à la mer jusqu’à 1848.

Après la révolution de 1848, Charner vint prendre un peu de repos dans sa ville natale. Il était naturellement désigné au choix de ses concitoyens qui l’envoyèrent, par 74,242 voix, représenter les Côtes-du-Nord à l’Assemblée législative. Il y rendit de tels services, dans la commission d’enquête pour la marine, qu’il fut promu contre-amiral et prié parle ministre de la marine, M. Ducos, de remplir auprès de lui les fonctions de chef d’état-major. Après 18 mois de ce service délicat, il désira retourner à la mer et commanda en second, puis en chef, l’escadre de l’Océan, dont les manœuvres hardies furent remarquées par les hommes du métier.

Pendant la guerre de Crimée, il fut toujours aux postes difficiles pour opérer le débarquement des troupes et du