Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/370

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matériel, faire des ravitaillements, sauver des navires en détresse, et prendre sur son vaisseau le Napoléon une part brillante aux combats contre les forts et les batteries de Sébastopol. Élevé au grade de vice-amiral, en 1855, pour prix de sa belle conduite, Charner siégea pendant quatre ans au conseil des travaux de la marine.

À peine la guerre de Chine était-elle engagée, qu’on lui confia le commandement de la flotte considérable réunie dans les ports de l’extrême-Orient. Il fallut agir de concert avec les Anglais, nos alliés, forcer l’entrée du Pei-ho, suivre l’armée pour en assurer le ravitaillement, et, après la victoire, au lieu d’assister au triomphe, regagner la flotte menacée par les coups de vent si fréquents dans ces parages.

Au retour de cette expédition, le vice-amiral Charner fut investi de la mission la plus étendue, et aussi la plus difficile, dont un officier général de la marine eût été chargé depuis longtemps. Il vint en Cochinchine, ayant sous ses ordres 158 navires de guerre et de transport, 8,000 marins, 1,303 hommes de troupes de terre et un corps auxiliaire d’Espagnols. Il avait tous pouvoirs pour la guerre et pour la paix. La prise de Ki-Hoa, où le vice-amiral Charner paya de sa personne, jeta la terreur dans les rangs des Anna- mites. — À ce nom de Ki-Hoa se rattache pour Saint-Brieuc un souvenir glorieux et douloureux à la fois, celui de la mort du brave aspirant Frostin, que l’amiral entourait d’une affection particulière. — Les conséquences de ce fait d’armes furent la conquête du reste de la province de Saïgon et, un peu plus tard, de celle de Mytho. L’hiver fut employé à organiser le pays.

À la fin de l’année 1861, le vice-amiral Charner revint en France. Quelques mois après, il fut nommé sénateur, et, le 15 novembre 1864, élevé à la dignité d’amiral. Au maire de Saint-Brieuc, qui lui écrivait pour le complimenter au nom de la ville, l’amiral répondit une lettre affectueuse, dont nous tenons à citer au moins le commencement : « Monsieur le maire, je vous prie de vouloir bien être mon interprète auprès de ma bonne ville natale. Aucunes félicitations ne me sont plus précieuses et ne me flattent