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du Légué. C’est d’abord le boulevard National, la plus large des voies qui conduisent en ville, et dont la création ne remonte qu’à l’époque de l’établissement du chemin de fer. L’ancienne promenade Duguesclin fait suite au boulevard. Les boutiques qu’on y laisse s’établir et les petits théâtres de passage lui donnent, presque toute l’année, un air assez animé. La grande promenade est le rendez-vous favori de la population, les jours de séances musicales que procure la musique de la garnison. Pendant les fêtes des courses, les danses sous les quinconces et les illuminations sous les voûtes de feuillage font rêver aux féeries des Mille et une nuits ; mais, quel qu’en soit le charme, il en est qui préfèrent la fraîcheur qu’on trouve en plein jour sous les hauts tilleuls, ou près des bosquets qu’a dessinés M. Barillet-Deschamps, l’architecte des jardins de la ville de Paris. Et puis nos promenades ont naturellement ce qu’on ne trouve guère dans les jardins publics des grandes villes, une vue splendide : sur le premier plan, une pittoresque vallée avec ses carrières de granit ; dans le fond du tableau, la tour de Cesson, se détachant sur la mer azurée, ou, dans la nuit, le feu tournant du phare du cap Fréhel.

C’est au milieu de ce beau jardin qu’on a élevé, en 1854, le Palais de Justice, l’œuvre capitale de M. Guépin, à Saint-Brieuc. Le style en est grave, comme il convient au sanctuaire de la justice, mais il est suffisamment ornementé. On s’est servi, dans la construction, de la pierre de l’Ile-Grande, au ton clair, et du granit plus sombre de Saint-Brieuc. Le fronton a été décoré d’un bas-relief par le sculpteur Ogé.

À côté du Palais de Justice, on a masqué, derrière un rideau d’arbres verts, la prison départementale. C’est un lieu assez triste par lui-même pour que nul promeneur ne soit tenté de s’égarer dans le voisinage. Point de sombres pensées au contraire dans l’établissement qui borde la promenade à l’ouest, et d’où sortent souvent de frais éclats de rire. C’est le couvent du Sacré-Cœur. Institution choisie et peu nombreuse, elle ouvre une classe gratuite aux petites filles pauvres. Ses statuts lui en font un devoir. Sa cha-