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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/54

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il n’en fut pas de même lorsque le duc Jean IV se fut brouillé avec son puissant vassal, Olivier de Clisson. Les habitants de Saint-Brieuc étaient favorables à Clisson, qui avait rempli la ville de gens de guerre et de provisions. Ils soutinrent, en 1375, dans la cathédrale fortifiée à la hâte, un siège contre le duc, que les Anglais étaient venus renforcer. Après avoir battu les murs inutilement, pendant quinze jours, avec ses machines, le duc, menacé par une diversion des amis de Clisson, fut obligé de se retirer, et bientôt après il passa en Angleterre.

On assistait alors à des faits de guerre vraiment surprenants. Un Breton, né à peu de distance de Saint-Brieuc, Sylvestre Budes, s’en allait, avec quelques milliers de ses valeureux compatriotes, rétablir en Italie l’autorité du pape Grégoire XI et renouvelait, en combat singulier, dans les premiers mois de l’année 1377, les exploits de la journée des Trente. Cette fois, c’était le combat des Dix : Dix Bretons contre dix Allemands, en présence des Romains épouvantés ![1]

En même temps, Charles V chassait les Anglais de France, aidé de quelques fidèles Bretons, au premier rang desquels il faut placer Bertrand Duguesclin. La Bretagne, abandonnée de son duc, se rattachait à la France quand, par une inspiration malheureuse, Charles V en prononça la confiscation. Aussitôt elle se leva, comme un seul homme, pour défendre son indépendance, et beaucoup de seigneurs du parti des Penthièvre se rallièrent, à Dinan, au duc Jean IV, qui s’était empressé de revenir d’Angleterre.

Ces changements de souverains produisirent une telle confusion qu’on ne saurait citer, d’une manièrie certaine, l’évêque qui occupait alors le siège de Saint-Brieuc. Après l’avènement du jeune roi Charles VI, les barons de Bretagne décidèrent leur duc à se réconcilier avec lui par le second traité de Guérande, en 1380. Ce traité fut

  1. Dom Morice, Preuves, t. ii, 13i. (Gestes des Bretons en Italie, par Guillaume de La Perene).