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tagne, en 1388, de la garde « du chastel et forteresse de Saint-Brieuc »[1], et promirent par serment de ne le rendre qu’au duc, ou à ses gens par son commandement ? Cela ne semble pas douteux, car les faits suivants prouvent que le duc avait des représentants, en temps de guerre, dans la ville même de Saint-Brieuc.

En 1394, Clisson vint attaquer cette ville. Il détruisit les murs et les guérites de l’église, avec un grand nombre de machines, et s’en rendit maître au bout de quinze jours, au rapport de la Chronique de Saint-Brieuc et de d’Argentré[2].

Le duc furieux rassembla une armée dans le pays de Vannes, la divisa en trois corps et la conduisit sur les grèves de Hillion, d’où il envoya offrir le combat au connétable. Celui-ci, qui s’était fortifié dans la ville, ne jugea pas à propos d’en sortir.

Le roi de France s’étant interposé, le duc se retira dans la place forte de Dinan et accepta l’arbitrage du duc de Bourgogne, au sujet de plusieurs actes de violence que Clisson lui imputait : « ont esté pris, disait celui-ci, aucuns habitans qui alloient en pèlerinage à Notre-Dame de La Fontaine à Saint-Brieuc, qui sont encore au pain et à l’eauë en prison. »[3]. Le duc Jean IV avait aussi à se plaindre de Clisson, qui avait largement usé de représailles. Il se montra cependant généreux et se réconcilia bientôt avec son terrible vassal.

  1. Dom Morice, Preuves, t. ii, 557.
  2. « Cathedralem Ecclesiam sancti Brioci tunc temporis et diu aute fortificatam et partem Ducis Britannie Domini sui superioris tenentem obsedit, murosque et garitas ipsius Ecclesie cum pluribus machinacionibus sine mora disrupit, ipsamque infra quindenam cepit. » (Chronicon Briocense, dans les Preuves de l’histoire de dom Morice, t. i, 71.) Clisson « se mist en campaigne et alla le dix neufiesme de juin mille trois cens quatre vingts quatorze assieger la ville de Sainct Brieuc, qui estoit tenue par les gens du Duc : mais elle n’estoit aucunement close, comme encore n’est-elle… mais ceux de dedans auoient aucunement fortifié les advenues et l’Église et se tenoient dedans. Ils furent assaillis par le sieur de Clisson et forcez au bout de quinze jours et fut la ville pillee le vendredy ensuyuant. » {Histoire de Bretaigne, par d’Argentré, f. 532).
  3. Dom Morice, Preuves, t. ii, 632.