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Par un retour pieux, assez commun chez les rudes guerriers de cette époque, Clisson et sa seconde femme, Marguerite de Rohan, firent plusieurs fondations dans la cathédrale de Saint-Brieuc, Clisson, « considérant la fragilité de humaine nature qui chacun jour laboure en tirant homme et femme a sa fin », y fonda largement pour lui des services et des anniversaires, et laissa « pour la réparation d’icelle, 300 livres. »[1]. Marguerite, de son côté, légua « ès fabriques de l’église cathédrale et du manoir épiscopal de Saint-Brieuc, pour ce qu’elles ont été endommagées par les guerres, à chacune des dictes fabriques, 500 livres. »

À ce sujet, il est curieux de remarquer que, pendant ce xive siècle, où la cathédrale avait été si souvent une place de guerre, on n’avait cessé d’y faire des travaux de construction et d’embellissement. C’est à ce siècle qu’on rapporte le chœur aux cinq arcades, les hardis contreforts qui soutiennent le chevet et l’élégante chapelle de la Vierge.

Guillaume Anger mourut, en 1403, dans son manoir des Châtelets, in manerio suo de Casteleto, dit l’obituaire.


II. — LE XVe SIÈCLE.


Jean de Châteaugiron ou de Malestroit, ancien premier président à la Cour des Comptes de Bretagne, occupa le siège de Saint-Brieuc, de 1405 à 1419. Il fut l’ami et l’exécuteur testamentaire d’Olivier de Clisson, dont la vie batailleuse finit en 1407. Il vit probablement la reconstruction de la chapelle de Notre-Dame de la Fontaine par Marguerite, fille du connétable et femme de Jean de Blois, comte de Penthièvre. N’est-il pas étonnant que le nom de cette princesse, qui rappelle tant d’actes audacieux et coupables, soit aussi attaché à plusieurs des plus gracieux monuments de l’art chrétien au xve siècle ?

  1. Dom Morice, Preuves, t. ii, 779.