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délicate que généreuse, l’âme du bon évêque, soutient un autre article, qui mérite d’être signalé comme un trait des mœurs du temps : « Item je donne et lègue à ma recluse... cent livres monnoie une fois payez. ». Qu’était-ce que cette recluse ? — Le manuscrit de 1726, que nous avons déjà cité, porte que l’évêque de Saint-Brieuc avait enclos, en 1460, dans une maison près de l’église de Saint-Guillaume, une religieuse qui l’en avait requis. D’après la date, cet évêque devrait être Jean Prégent. D’autre part, la chronique des Cordeliers raconte que Christophe de Penmarch consultait souvent « une très pieuse femme recluse près du porche de Saint-Guillaume » et lui recommandait ses projets. Il y a donc eu, à la fin du xve siècle, une ou plusieurs recluses de Saint-Guillaume, qui ont été vénérées par le peuple et même par les évêques.


III. — ORGANISATION INTÉRIEURE.


Si un testament fournit des renseignements utiles à l’histoire, les vieux comptes commencent à en donner quelques-uns d’un intérêt tout particulier[1]. On y voit que les meilleures terres se vendaient, au plus, 8 sous le journal, et qu’on avait quelquefois un journal, en forêt ou en lande, pour un sou.

Le tonneau de vin valait de 10 à 15 livres ; la livre de cire, 5 sous 6 deniers ; le tonneau de froment, contenant 12 perrées de 2 boisseaux chacune, 8 livres 8 sous, en 1391 ; 7 livres 10 sous, en 1426 ; 4 livres 15 sous, en 1466, ce qui faisait varier le prix de la perrée de 7 à 12 sous. Le bas prix des denrées tenait sans doute aux mesures prises par le duc Jean V, dans sa troisième constitution sur la police : « Ayant appris qu’on met hors du pays par mer et terre des denrées et vivres qui sont necessaires pour la provision de nostre pays, à quoy se sont

  1. Archives des Côtes-du-Nord. — Fonds du duché de Penthièvre et de l’Evêché de Saint-Brieuc.