Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

appliquez plusieurs couratiers et regratiers par la grant avarice et par la grant convoitise de la pecune et monnoie qu’ils ont... quelles choses sont cause et moyen de la cherté qui est en nostre pays... défend l’exportation des denrées fors seulement vins, poissons, fourmens, saigles et saulx, sans le congié et licence du grant conseil... au regard des regratiers, défend que les laboureurs ne s’entremettent de fait de marchandise, fors tant seulement de la revenue de leurs terres. »[1].

Les ouvriers ordinaires recevaient 20 deniers par jour, et les maîtres, 2 sous, avec la nourriture, qu’on estimait 15 deniers. En 1492, le chapitre de la cathédrale payait 2 sous « à un claveurier, pour fere les goupilles et adoublé les vaires pour reparer les vittres de l’église ».

Les artistes ne manquaient pas, car si nous ne connaissons pas leurs noms, nous pouvons du moins apprécier leurs œuvres. Outre la chapelle du Saint-Sacrement, que fit construire l’évêque Prégent, le xve siècle nous a laissé plusieurs habitations particulières, qui ont dû être aussi riches qu’élégantes. Ce sont l’hôtel de Rohan, avec son pignon à machicouhs et sa colonnade intérieure[2] ; l’hôtel du Saint-Esprit, habité ordinairement par quelque dignitaire du chapitre, et remarquable par sa gracieuse tourelle ; deux maisons de la rue Saint-Jacques, dont les sculptures sur bois ont été malheureusement mutilées. Autour de la cathédrale et du manoir épiscopal se groupaient, en outre, les hôtels, rebâtis depuis ou démolis, de Quincangrogne, de Kernier, de Cardenoual, et un assez grand nombre de maisons prébendales. Les rues Saint-Gilles, Saint-Gouéno et Saint-Guillaume n’avaient pas de maisons aussi anciennes ni aussi considérables.

  1. Dom Morice, Preuves, t. ii, 1152.
  2. Les auteurs des Anciens Evêchés croient que cet hôtel a été bâti par une branche de la célèbre famille des Rohan ; mais le terrier de l’évêché n’en fait pas mention, bien qu’il donne les noms des propriétaires, au moins depuis le xvie siècle. On y voit seulement que cet hôtel était habité par des Rouxel, et que la maison voisine fut vendue, en 1570, à François Rohan et à Christine Le Normant, qui semblent appartenir, par eux-mêmes et par leurs alliances, à des familles bourgeoises.