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Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/68

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général de la paroisse, convoqué après la grand’messe, pour s’occuper des intérêts religieux et civils ? Il serait difficile de se prononcer en l’absence de titres, et Saint-Brieuc n’en a pas conservé de cette époque. Il semble cependant fort probable que, dans cette cité tout épiscopale, l’élément religieux a dû rester prédominant.

D’ailleurs, elle n’est pas encore nombreuse, à Saint-Brieuc, la bourgeoisie influente, qui se recrute dans les emplois de justice et dans le commerce. Les familles Ruffelet et Favigo ne commencent qu’à paraître ; celles des Le Bigot et des La Noë sont seules citées à cause de leurs richesses, à la fin du xve siècle. On lit, en effet, dans une information faite, au siècle suivant, pour la réformation de la noblesse, que plusieurs témoins avaient vu Jehan Le Bigot « lever les fouages et impôts... demeurer o Morice de La Noe qui était le plus grand et riche marchand de Saint-Brieuc, et se mêler aucune fois de marchandises, tant à la mer qu’à la terre. »[1]. Jehan Le Bigot acheta le manoir de La Ville-Bougault et obtint des lettres de noblesse en 1480. Deux de ses fils eurent des abbayes et le troisième fut homme de justice. — De la bourgeoisie, on passait donc facilement, non seulement dans les postes élevés du clergé, mais aussi dans la noblesse. — À la même famille appartenait sans doute Rolland Le Bigot, qui fut exempté de l’impôt roturier, en 1487, pour services de guerre, rendus en commandant le navire La Marie, du Légué[2].

Le port du Légué avait déjà figuré en 1423, ainsi que la forteresse de Cesson, dans une assignation de paiement, ordonnée par le duc de Bretagne. Le commerce se faisait à Saint-Brieuc, au xve siècle, assez peu par terre, à cause de la difficulté des communications, mais beaucoup plus par mer. De nombreux textes, cités par les Bénédictins, prouvent en effet que les ports de Bretagne commer-

  1. Réformation de la noblesse, de 1535. — Bibliothèque de la ville de Saint-Brieuc.
  2. Anciens Evéchés de Bretagne, t, ii, p. 176, d’après la Chambre des Comptes de Bretagne.