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dant qu’elle eût l’âge d’épouser le dauphin. De cette période si brillante des guerres d’Italie et de la Renaissance, qui a dû exercer, à Saint-Brieuc comme ailleurs, une heureuse influence, il n’est resté dans les Archives que de simples notes. Des lettres-patentes, adressées par Henri II au sénéchal de Rennes, le 24 novembre 1554[1], mentionnent une déclaration de l’évêque Jean Du Tillet, portant qu’il n’avait « aucuns papiers terriers, lettres ne enseignements à cause des guerres, divisions, mortalités, absence ou mauvaise administration de ses prédécesseurs. »

Cette perte est d’autant plus regrettable qu’on aurait pu suivre complètement, à l’aide des documents égarés, la transformation que nous avons annoncée dans le pouvoir de l’évêque. L’autorité royale, en effet, après avoir triomphé des Anglais et des grands seigneurs, se servait habilement des hommes de loi pour user à l’intérieur les dernières résistances de la féodalité. Ce que nous savons de l’établissement d’une Cour royale à Saint-Brieuc, va le prouver suffisamment.

Nicolas Langelier (1565-1595) venait de prendre possession du siège épiscopal. Il y avait, à cette époque, deux Cours royales dans le voisinage de Saint-Brieuc. L’une, celle de Cesson, n’ayant jamais eu dans son ressort que quelques villages, n’existait plus que de nom ; l’autre, celle de Goëllo, avait son siège à Lanvollon. L’édit de Châteaubriant, du mois d’octobre 1565, transféra cette dernière à Saint-Brieuc, en lui donnant tous droits sur la seigneurie de Cesson[2].

Les habitants de Lanvollon, ayant réclamé leur ancienne juridiction, la recouvrèrent quelque temps. Ils étaient appuyés par l’évêque, qui avait eu à se plaindre déjà des prétentions des juges royaux ; mais les habitants de Saint-

  1. Ces lettres-patentes avaient pour but de former un nouveau papier terrier, en provoquant les déclarations des tenanciers, et d’en confier le soin au sénéchal de Rennes.
  2. « A Saint-Brieu unissons et voulons la jurisdiction de Guello estre transférée avec tous drois et prérogatives sur la Baronie d’Avaugour et la seigneurie de Cesson. » (Dom Morice, Preuves, t. iii, 1346.)