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de fer pour sapper le fort de la grand’Eglisse du dict Sainct-Brieu encores occupé par ceux du party de l’union. » Cette occupation n’avait pas eu lieu sans dommages pour la vieille catthédrale. Un procès-verbal dressé, le 11 août, par le juge des Regaires, à la requête de trois délégués du chapitre, constate le pillage des archives par les gens de Saint-Laurens qui s’étaient retirés dans la cathédrale, « en laquelle ilz auroient tenu le fort par l’espace de troys jours… et estantz entrez au dict chapitre, avons veu plusieurs coffres et armoires effoncées et les claveures levées et plusieurs lettres lacérées et rompues, espandues parmy la place, paroissant avoir esté foulées avec les piedz. »[1].

L’évêché, les hôtels de la noblesse, entre autres celui des seigneurs de Boisboissel, avaient été pillés également. Les bourgeois n’avaient pas été plus épargnés. Après avoir payé cinq écus pour enterrer les morts, le syndic fut encore chargé d’aller à Dinan trouver l’évêque et le prier d’écrire au duc de Mercœur, au sujet des misères supportées « tant de l’un party que de l’autre. » Ce voyage ne se fit pas sans encombre. La route par terre n’étant pas sûre, il fallut se rendre par mer à Saint-Malo, poursuivre en bateau jusqu’à Dinan et revenir par la même voie.

Au milieu de tels bouleversements, la charge de syndic n’était pas une sinécure. Les 30 livres de gages, qui furent allouées à Compadre « en maniere acoustumée », étaient bien insuffisantes pour couvrir les pertes qu’il avait essuyées ; aussi est-ce avec une simplicité pleine d’émotion que le malheureux syndic, en achevant son compte, supplie de considérer ses peines et les ravages faits trois fois en sa maison, pendant qu’il était en fonctions[2]. Le nom de

  1. Archives du département des Côtes-du-Nord.
  2. Le règlement du compte de Compadre ne se fit pas sans de grandes difficultés. Des commissaires furent élus pour ouïr ce compte, tant à la paroisse qu’à l’assemblée de ville. Il fut reconnu qu’on devait au syndic 1803 livres. Les bourgeois et habitants assemblés en corps politique, le 24 septembre 1595, demandèrent qu’on fit égail sur eux de ladite somme ; le roi y consentit par lettres données à Rennes, le 29 février 1596. En 1604, le commissaire délégué par le roi pour la recherche des abus « aufaict de ses finances » déchira qu’il n’y trouvait aucune malversation. En 1609 cependant, on réclamait encore à Compadre des pièces justificatives.