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MÉDITATIONS


Mais la nature aussi se réveille en ce jour ;
Au doux soleil de mai nous la voyons renaître :
Les oiseaux de Vénus, autour de ma fenêtre,
Du plus chéri des mois proclament le retour !
Guides mes premiers pas dans nos vertes campagnes !
Conduis-moi, chère Elvire, et soutiens ton amant.
Je veux voir le soleil s’élever lentement,
Précipiter son char du haut de nos montagnes,
Jusqu’à l’heure où dans l’onde il ira s’engloutir,
Et cédera les airs au nocturne zéphyr.
Viens ! Que crains-tu pour moi ? le ciel est sans nuage :
Ce plus beau de nos jours passera sans orage ;
Et c’est l’heure où déjà, sur les gazons en fleurs,
Dorment près des troupeaux les paisibles pasteurs.

Dieu, que les airs sont doux ! que la lumière est pure !
Tu règnes en vainqueur sur toute la nature,
Ô soleil ! et des cieux, où ton char est porté,
Tu lui verses la vie et la fécondité.
Le jour où, séparant la nuit de la lumière,
L’Éternel te lança dans ta vaste carrière,
L’univers tout entier te reconnut pour roi ;
Et l’homme, en t’adorant, s’inclina devant toi.
De ce jour, poursuivant ta carrière enflammée,
Tu décris sans repos ta route accoutumée ;
L’éclat de tes rayons ne s’est point affaibli,
Et sous la main des temps ton front n’a point pâli !

Quand la voix du matin vient réveiller l’aurore,
L’Indien prosterné te bénit et t’adore ;
Et moi, quand le midi de ses feux bienfaisants
Ranime par degrés mes membres languissants,