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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/343

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XIII

À peine Robespierre avait-il fini de parler, que Louvet et Barbaroux, impatients des applaudissements dont l’Assemblée et les spectateurs couvraient l’orateur et le discours, s’élancèrent à la tribune pour répliquer ; mais l’impression du discours était déjà votée par la Convention. La répétition affaiblie des mêmes accusations, la modération des conclusions de Robespierre, le besoin d’éteindre, s’il était possible, un feu qui menaçait d’incendier l’opinion publique, tout pressait la Convention de terminer le débat. Aux yeux de Vergniaud, de Pétion, de Brissot, de Condorcet, de Gensonné, de Guadet, les plus sages d’entre les Girondins, leur ennemi en sortait déjà trop grand ; ils répugnaient à le grandir davantage.

Marat vit sa propre victoire dans la victoire de Robespierre, malgré les désaveux adoucis dont ses opinions avaient été l’objet. Danton triompha intérieurement de voir justifier la dictature de la commune, et voiler les crimes de septembre sous le drapeau du salut public. Robespierre avait couvert Danton. Le parti indécis de la Convention, au milieu duquel siégeait Barère, craignit d’avoir à se prononcer, et se réjouit d’humilier les Girondins, sans avoir à innocenter leurs ennemis. Le silence convenait à tous, excepté aux accusateurs.

Mais Barbaroux, indigné du refus obstiné de la parole