Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/109

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Or, un jour Daïdha se disait, triste et tendre :
« Oh ! que serait-ce donc s’il pouvait me comprendre ! »
Lorsque, élevant les yeux à la voûte des bois,
Elle vit un bulbul à la liquide voix,
Qui, posé sur la branche où son nid se balance,
De son chant ruisselant enchantait le silence,
Tandis que ses petits paraissaient s’essayer,
En écoutant son hymne, à le balbutier.
Ils chantaient, ils chantaient : mais leur langue inhabile
Pour saisir un passage en affaiblissait mille,
Et cependant leur voix par moments rappelait
L’écho mal éveillé de l’air qu’il redoublait ;
Et du nid où l’oiseau se plaisait à répondre,
Leurs accents et les siens paraissaient se confondre.

La vierge, en écoutant ces luttes de chansons,
Comprit que les oiseaux se donnaient des leçons.
Et que, du même accord multipliant l’étude,
Leur chant mélodieux n’était qu’une habitude.
À son esprit frappé Cédar vint à l’instant :
« Il est muet comme eux ! si j’en faisais autant ?
Dit-elle ; si j’étais ce bulbul, doux symbole
Qui souffle à ses petits le chant et la parole,
Et les fait, au moyen de ce chant épelé,
S’entendre avec amour l’un par l’autre appelé ?
Pour enseigner aussi, nos mères que font-elles ?
Imiter par l’enfant leurs lèvres maternelles.
Peut-être que Cédar n’eut point de mère, lui !
Oh ! si je la pouvais remplacer aujourd’hui !