Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/352

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Et, divergeant au loin sous le roc ténébreux,
En usages divers se divisaient entre eux.

L’un conduisait les pas aux gémissantes caves
Où les bourreaux des dieux mutilaient les esclaves.
Du cachot de Cédar illuminant le seuil,
La torche de Lakmi plonge dans ce cercueil ;
La lueur vacillante y glisse devant elle
Et du jeune captif éblouit la prunelle ;
De légers pieds de femme en discernant le bruit,
Il regarde sans voir du milieu de sa nuit ;
Et Lakmi tour à tour hardie, intimidée,
Reculant vers la porte à plus d’une coudée,
En revoyant ainsi cet être surhumain,
Laisse échapper d’horreur la torche de sa main.

Il était enchaîné par de pesantes mailles
À d’énormes anneaux scellés dans les murailles ;
Une ceinture aux flancs, à la nuque un collier,
Le rattachaient encore aux boucles du pilier ;
Des bracelets de fer noués sur sa peau tendre
Empêchaient ses deux bras et ses pieds de s’étendre,
Et laissaient seulement aux membres entravés
Assez de liberté pour joncher les pavés.
Comme un homme qui tombe abattu par la foudre,
Il était renversé sur le flanc dans la poudre.
Les chaînons de ses fers, qu’il ne soulevait plus,
Retombaient froids et lourds sur ses membres moulus,