Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/356

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Oh ! ne repousse pas l’enfant qui te protége !
Dans sa folle amitié ne rêve pas un piége.
Ce cœur, qui n’a jamais palpité que pour soi,
Infidèle à tout autre, est sincère pour toi.
D’un coup d’œil à ton sort mon âme est asservie ;
J’exposerais ce cœur pour préserver ta vie !
Un mot doux de ta lèvre, un rayon de tes yeux,
Me récompenseraient de la perte des cieux !
Si jamais tu disais : « Lakmi, sois mon esclave ! »
Oh ! ma gloire serait de porter ton entrave !
Mon génie abaissé s’élèverait en moi,
Et peut-être des dieux, captif, te ferait roi !
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Oh ! pourquoi pleures-tu, la tête ainsi baissée ?
Toi pleurer ! homme-dieu, plus beau qu’une pensée !
Toi pleurer ! Oh ! dis-moi ce que pleurent tes yeux.
Est-ce la liberté ? la lumière des cieux ?
Les libres horizons où s’égarait ta course ?
Les rameaux des forêts, la fraîcheur de la source ?
Ces dômes murmurants où tes pas habitaient,
Où t’embaumaient les fleurs, où les oiseaux chantaient ?
Va ! je puis d’un seul mot, dans bien d’autres demeures,
Rendre à tes yeux ravis bien plus que tu ne pleures !
Mais dis-moi seulement !… » Cédar la regarda :
« Trompeuse illusion ! Ombre de Daïdha !
Toi dont le front d’enfant à mes sens la rappelle
Comme un son de sa voix et comme un rêve d’elle !