Au palais dont l’orgie a dégarni les portes,
Du peuple débordé précédant les cohortes,
Précipitant ses pas de la foule suivis,
Cédar était monté jusqu’aux secrets parvis.
Comme avant de frapper l’orage plane et tonne,
Pour assurer ses yeux que la splendeur étonne,
Derrière une colonne un instant arrêté,
Sous l’ombre du portique il s’était abrité.
Pendant qu’il suspendait ses combattants du geste,
Il avait vu ses fils balancés, et le reste,
Daïdha, leur jetant son dernier cri d’effroi,
Tomber inanimée aux pieds du monstre-roi !
À cet excès d’horreur, dans son sein condensée,
La foudre de son âme avait été lancée,
De l’orteil aux cheveux la flamme avait jailli,
La racine du cœur en avait tressailli.
Tout ce qui sent dans l’homme, aime, frémit, abhorre,
Donnait a tout son être un contre-coup sonore :
Rage, colère, amour, mort, indignation,
S’étaient multipliés dans sa vibration !
La voix de tout ce peuple, à sa voix confondue,
Des cieux, qu’elle ébranlait, paraissait descendue.
L’enfer n’aurait pas mis les tyrans à l’abri ;
La vengeance du monde était dans ce seul cri !…
Comme se courbe un front quand passe la tempête,
Les géants avaient mis les deux mains sur leur tête,
Et, pareils aux épis par l’ouragan pliés,
Ondoyant sous son bras s’écartaient de ses piés.
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