Tu ne sais pas que mon haleine
Sur mes lèvres n’ose passer,
Que mon pied muet foule à peine
La feuille qu’il craint de froisser !
Et qu’enfin un autre poëte,
Dont la lyre a moins de secrets,
Dans son âme envie et répète
Ton hymne nocturne aux forêts !
Mais si l’astre des nuits se penche
Aux bords des monts pour t’écouter,
Tu te caches de branche en branche
Au rayon qui vient y flotter ;
Et si la source qui repousse
L’humble caillou qui l’arrêtait
Élève une voix sous la mousse,
La tienne se trouble et se tait.
Ah ! ta voix touchante ou sublime
Est trop pure pour ce bas lieu :
Cette musique qui t’anime
Est un instinct qui monte à Dieu.
Tes gazouillements, ton murmure,
Sont un mélange harmonieux
Des plus doux bruits de la nature,
Des plus vagues soupirs des cieux.
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