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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/189

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Ta voix, qui peut-être s’ignore,
Est la voix du bleu firmament,
De l’arbre, de l’antre sonore,
Du vallon sous l’ombre dormant.

Tu prends les sons que tu recueilles
Dans les gazouillements des flots,
Dans les frémissements des feuilles,
Dans les bruits mourants des échos,

Dans l’eau qui filtre goutte à goutte
Du rocher nu dans le bassin,
Et qui résonne sous sa voûte
En ridant l’azur de son sein ;

Dans les voluptueuses plaintes
Qui sortent la nuit des rameaux,
Dans les voix des vagues éteintes
Sur le sable ou dans les roseaux ;

Et de ces doux sons, où se mêle
L’instinct céleste qui t’instruit,
Dieu fit ta voix, ô Philomèle !
Et tu fais ton hymne à la nuit.

Ah ! ces douces scènes nocturnes,
Ces pieux mystères du soir,
Et ces fleurs qui penchent leurs urnes
Comme l’urne d’un encensoir,