Aller au contenu

Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Du Dieu qui le créa première et grande image,
Assis sur un coteau de ce divin rivage
Où jadis Parthénope avait devant ses yeux
Réfléchi dans les mers comme un morceau des cieux ;
Lieux chers à ses regards, lieux que sa main féconde
Se plaisait à parer, comme un jardin du monde,
Et de l’ombre des monts, et de l’azur des mers,
Et de l’éclat du ciel, et du parfum des airs ;
Ses pieds pendaient d’en haut sur un immense abîme
Dont l’écume des flots avait rongé la cime ;
Lieux vides maintenant de lumière et de bruit,
D’où ne remontait plus que silence et que nuit.
Son coude s’appuyait sur la crête aplatie
De ce mont qui, jetant la cendre et l’incendie,
Secouait de ses flancs les hameaux ébranlés :
Ses flancs vides rendaient des sons creux et fêlés.

Ses blancs cheveux tombant comme une neige épaisse,
Contemporains du globe, annonçaient sa vieillesse ;
Mais les membres nerveux de cet enfant du ciel
Laissaient dans le vieillard deviner l’immortel.
De ses deux larges mains il couvrait son visage.
Pareilles par leur masse à des gouttes d’orage,
Des larmes, de ses yeux vainement essuyés,
Ruisselaient dans ses doigts et pleuvaient à ses piés.
Il comprimait en vain cette angoisse divine ;
On entendait de loin gronder dans sa poitrine
Le bruit sourd et plaintif de ses vastes sanglots,
Et des cris étouffés qu’entrecoupaient ces mots :

« Est-ce toi, terre inanimée ?

Est-ce toi que j’ai vue, hélas ! il n’est qu’un jour,