Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/306

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» Le jour qu’oubliant ta colère,
Comme un lutteur grandi qui sent son bras plus fort,
De l’héroïsme populaire
Tu feras le dernier effort ;
Le jour où tu diras : « Je triomphe et pardonne !… »
Ta vertu montera plus haut que ta colonne
Au-dessus des exploits humains ;
Dans des temples voués à ta miséricorde
Ton génie unira la force et la concorde,
Et les siècles battront des mains !

« Peuple, diront-ils, ouvre une ère
» Que dans ses rêves seuls l’humanité tenta ;
» Proscris des codes de la terre
» La mort que le crime inventa !
» Remplis de ta vertu l’histoire qui la nie ;
» Réponds par tant de gloire à tant de calomnie ;
» Laisse la pitié respirer !
» Jette à tes ennemis des lois plus magnanimes,
» Ou, si tu veux punir, inflige à tes victimes
» Le supplice de t’admirer !

» Quitte enfin la sanglante ornière
» Où se traîne le char des révolutions ;
» Que ta halte soit la dernière
» Dans ce désert des nations ;
» Que le genre humain dise, en bénissant tes pages :
» C’est ici que la France a de ses lois sauvages
» Fermé le livre ensanglanté ;
» C’est ici qu’un grand peuple, au jour de la justice,
» Dans la balance humaine, au lieu d’un vil supplice,
» Jeta sa magnanimité. »