Ô toi qui fis lever cette seconde aurore,
Dont un second chaos vit l’harmonie éclore,
Parole qui portais, avec la vérité,
Justice et tolérance, amour et liberté :
Règne à jamais, ô Christ, sur la raison humaine,
Et de l’homme à son Dieu sois la divine chaîne !
Illumine sans fin de tes feux éclatants
Les siècles endormis dans le berceau des temps ;
Et que ton nom, légué pour unique héritage,
De la mère à l’enfant descende d’âge en âge,
Tant que l’œil dans la nuit aura soif de clarté,
Et le cœur d’espérance et d’immortalité ;
Tant que l’humanité plaintive et désolée
Arrosera de pleurs sa terrestre vallée,
Et tant que les vertus garderont leurs autels,
Ou n’auront pas changé de nom chez les mortels !
Pour moi, soit que ton nom ressuscite ou succombe,
Ô Dieu de mon berceau, sois le Dieu de ma tombe !
Plus la nuit est obscure, et plus mes faibles yeux
S’attachent au flambeau qui pâlit dans les cieux.
Et quand l’autel brisé que la foule abandonne
S’écroulerait sur moi… temple que je chéris,
Temple où j’ai tout reçu, temple où j’ai tout appris,
J’embrasserais encor ta dernière colonne,
Dussé-je être écrasé sous tes sacrés débris !
Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 3.djvu/58
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.