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jardin de légumes et d’arbres fruitiers sous la muraille même de la ville, qui servait d’enceinte à l’enclos du couvent de la Longara. Le gouvernement ayant ordonné à la comtesse Livia de se retirer dans ses terres des Abruzzes, ou de se confiner dans le cloître avec sa petite fille, la comtesse, secrètement d’accord avec Saluce et Régina, partit pour les Abruzzes. Régina, à qui toute communication hors du couvent était désormais sévèrement interdite, fut avertie de se préparer à rentrer dans la domination et dans la maison du prince aussitôt qu’il serait arrivé. On peut juger, d’après l’énergie et l’indomptable caprice de ce caractère, ce qu’elle dut éprouver de douleur, de répulsion et de colère en se voyant réduite à sacrifier à la fois sa grand’mère, Clotilde, Saluce, sa liberté, sa mémoire, son amour, dans une même immolation d’elle-même ! Elle écrivit par l’entremise de sa nourrice à Saluce ces deux mots : « Ou la fuite, ou la mort, avant le jour qui m’arracherait à toi ! »

Ce jour approchait. Le prince *** était arrivé. Il n’avait pas demandé encore à voir la princesse. Il délibérait avec ses amis du gouvernement sur le moyen d’amener par la douceur et par la temporisation à l’obéissance cette imagination d’enfant révoltée. Saluce en fut informé. Il résolut de profiter de ce moment d’indécision du prince pour soustraire Régina à une tyrannie qu’elle redoutait plus que le poignard.


XXVII


Saluce se procura successivement, et sans qu’on pût remarquer leur accumulation dans le même jardin, quatre