Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
TOUSSAINT LOUVERTURE.
rochambeau, à haute voix et lentement, en faisant des gestes aux troupes blanches avec son épée.
Souviens-toi du consul ! C’est le moment d’être homme :
L’Europe te regarde et ton honneur te somme !
Albert hésite et veut remonter. Au même instant deux officiers
gravissent la pente, prennent Albert sous les bras et l’entraînent.
gravissent la pente, prennent Albert sous les bras et l’entraînent.
le moine, à Toussaint.
Tu vois !
toussaint.
Mon fils ! reviens, je cède !…
le moine.
C’est un peuple qu’il cède !
toussaint.
Eh bien, non, c’est mon âme !
Adrienne et Isaac se tiennent embrassés convulsivement en voyant disparaître Albert. — Toussaint, égaré, chancelant, marchant à tâtons en étendant les bras à droite et à gauche, se précipite sur les pas de son fils ; il articule quelques mots confus lentement entrecoupés.
Ah ! ces grands fondateurs n’avaient ni fils ni femme !
De la nature en eux Dieu seul était vainqueur !
Mais moi !… Vous triomphez, ô blancs !… j’avais un cœur !
Il tombe évanoui sur un tertre. — Adrienne, le moine, Isaac le suivent, se penchent sur lui pour le ranimer et le relever ; Isaac lui jette ses bras autour du cou.
isaac.
Je t’aimerai pour, deux, mon père !
le moine, à genoux.
Rédemption d’un peuple, a donc son agonie !
Père, qui de ton fils contemples la sueur,
Soutiens-le sur sa croix !
On entend une rumeur sourde croissant dans les vallées et dans les gorges sous le plateau. — On voit briller aux premières clartés du soleil levant des baïonnettes se glissant sous les mornes.