Votre raison aussi grandira, je l’espère.
Oh ! je l’aimerai bien, s’il nous rend à mon père.
Mon père ! et puis toujours mon père ! Enfant borné,
Qui ne saurait laver le sang dont il est né.
Sachez, monsieur, que l’homme à qui l’on doit la vie
Est moins que l’homme à qui l’on doit une patrie.
Le hasard donne un père, on ne le choisit pas :
On choisit le héros, on s’attache à ses pas ;
En suivant le sentier que sa gloire nous trace,
Il est beau d’oublier sa famille et sa race ;
On s’élève avec lui jusques à des hauteurs
D’où l’œil n’aperçoit plus ces viles profondeurs.
On est homme, monsieur, on n’est plus fils ou frère !
Pour moi, si le consul luttait avec mon père,
J’arracherais mon cœur s’il battait incertain
Entre l’homme de chair et l’homme du destin.
Cet homme fait horreur !
Enfants, voila la gloire !
Il est un plus beau sort, ah ! laissez-nous-le croire !
C’est de confondre enfin, dans un égal amour,
Et le héros et l’homme à qui l’on doit le jour ;
D’essayer d’être entre eux le nœud qui les rassemble,
D’aimer les deux en un, de les servir ensemble,
Et de faire à la fois, en les réunissant,
Le bonheur de sa race et l’honneur de son sang.
Mais la sœur du consul vient avec son cortège,
Elle monte un cheval aussi blanc que la neige :