Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 35.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
GUTENBERG.

plus étendu qui s’accordât alors (1537), comme pour servir de dédommagement légitime à ses souffrances imméritées.

C’est des presses de Dolet que sortirent successivement, depuis cette époque, les œuvres de Marot et de Rabelais ; il publiait également chaque année ses propres ouvrages et quelques-uns des livres les plus illustres de l’antiquité. Des persécutions nouvelles vinrent, en 1542, interrompre ses travaux ; de vagues accusations d’hérésie le firent détenir quinze mois à la Conciergerie de Paris. François Ier n’était plus jeune : il faiblissait dans sa glorieuse protection des lettres. Un beau livre, une œuvre d’art, ne suffisaient plus à protéger un artiste contre ses conseillers fanatiques. Robert Étienne et Marot avaient quitté la France. Sûr de sa conscience et toujours aventureux, Dolet ne voulut pas les imiter. En vain le parlement de Paris faisait encore brûler ses livres, après avoir été contraint de le relâcher lui-même en présence de l’inanité par trop évidente des accusations qui l’avaient chargé. Il ne désertait point la lutte, et l’écrivain vengeait le libraire. Rentré dans Lyon, il publie des poëmes sur sa captivité et une traduction des Dialogues de Platon. Cette énergie allait à la fin lui devenir fatale. En 1544 il était emprisonné de nouveau. Se méfiant cette fois de la partialité de ses juges, il parvint à s’échapper et à s’enfuir en Piémont. Mais bientôt l’amour de son art le ramène au piége où il devait se prendre. Il avait écrit au roi des épîtres en vers pour implorer une protection qui l’avait sauvé déjà ; il ne put se résoudre à n’en pas surveiller l’impression lui-même. Il rentra secrètement dans Lyon ; mais ses ennemis guettaient leur proie. Arrêté, traduit devant la faculté de théologie de Paris, il se vit condamné comme athée relaps pour des passages de ses livres qu’il protesta jusqu’à trois fois n’avoir jamais écrits.

Dolet fut mis en torture et question extraordinaire pour enseigner ses compagnons, comme dit l’arrêt qui le con-