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CROMWELL.

Cromwell, que la plupart des historiens, échos des pamphlétaires de son temps, donnent pour fils d’un brasseur de bière ou d’un boucher, était né d’une famille noble, illustrée même par les premiers titres de l’Angleterre. Son grand-oncle, Thomas Cromwell, créé comte d’Essex par Henry VIII, et décapité ensuite par un des retours de caractère et de férocité de ce prince, avait été un des spoliateurs les plus ardents des biens de l’Église romaine et des monastères après l’établissement du protestantisme par son maître. Le grand tragique anglais Shakspeare met prophétiquement en scène ce Thomas Cromwell, comte d’Essex, dans une de ses tragédies. C’est à lui que le cardinal Wolsey, conduit au cachot et à la mort par l’inconstance de Henry VIII, dit, en marchant au supplice :

Cromwell ! Cromwell ! prends garde à l’ambition. Prends-y garde ! Si j’avais employé à servir mon Dieu la moitié du zèle que j’ai employé à servir mon roi, je ne serais pas ici dépouillé et saignant sous la main de mes ennemis !… »

Ce Cromwell, comte d’Essex, un moment premier ministre de Henry VIII, employa un de ses neveux, Richard Cromwell, à la persécution contre les catholiques, et l’enrichit des dépouilles des églises et des couvents. Richard Cromwell fut le bisaïeul du protecteur Olivier Cromwell.

L’aïeul d’olivier, connu dans sa province sous le nom du Chevalier d’or, par allusion aux richesses dont sa famille s’était investie dans la spoliation des-couvents, se nommait Henri Cromwell. Il vivait dans le comté de Lincoln ; il habitait le domaine d’Hinschinbrook, ancien monastère de religieuses expulsées, transformé par les Cromwell en manoir seigneurial. Il fit épouser à son fils aîné, Richard Cromwell, une fille de la famille de Stuart, établie dans le même comté. Cette Élisabeth Stuart fut la tante d’olivier Cromwell, qui devait plus tard immoler Charles Ier, la