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deuxième époque.

Il faut, pour découvrir cet antre souterrain,
Ramper en écartant les feuilles de la main.
À peine a-t-on glissé sous l’arche verte et sombre,
Un corridor étroit vous reçoit dans son ombre ;
On marche un peu courbé sous d’humides arceaux,
De circuits en circuits, au bruit profond des eaux,
Qui, creusant à vos pieds un canal dans la pierre,
Murmurent jusqu’au lac dans leur solide ornière.
Un jour pâle et lointain, lueur qui part du fond,
Guide déjà les yeux dans ce sentier profond ;
La voûte s’agrandit, le rocher se retire ;
Le sein plus librement se soulève et respire ;
Le sol monte, trois blocs vous servent de degrés,
Et dans la roche vide enfin vous pénétrez.


Vingt quartiers, suspendus sur leur arête vive,
En soutiennent le dôme en gigantesque ogive ;
Leurs angles de granit en mille angles brisés,
Leurs flancs pris dans leurs flancs, l’un sur l’autre écrasés,
Ont rejailli du poids comme une molle argile ;
L’eau que la pierre encor goutte à goutte distille
A poli les contours de ces grands blocs pendants,
De stalactite humide a revêtu leurs dents,
Et, les amincissant en immenses spirales,
Les sculpte comme un lustre au ciel des cathédrales.
Ces gouttes, qu’en tombant leur pente réunit,
Ont creusé dans un angle un bassin de granit,
Où l’on entend pleuvoir de minute en minute
L’eau sonore qui chante et pleure dans sa chute :
Toujours quelque hirondelle au vol bas et rasant
Y plane, ou sur le bord s’abreuve en se posant ;
Puis, remontant au cintre où l’oiseau frileux niche,
Se pend à l’un des nids qui bordent la corniche.