Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 6.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lorsqu’il serait revenu à la santé. Sa férocité le suivit jusque dans le tombeau.

Revenons au prince Beschir. Dès que les fils de l’émir Joussef furent assez grands pour disputer la puissance, Giorgios-Bey et Abdalla résolurent de mettre leurs projets à exécution. Ils profitèrent d’un moment de froideur entre Djezar et le prince Beschir, et soulevèrent le parti de leurs pupilles. L’émir, pris au dépourvu, fut obligé de se retirer dans le Huran, et invoqua la médiation du pacha, dont il flatta l’avarice et la cupidité. Djezar intervint, et imposa un traité qui conciliait les deux partis, mais qui favorisait beaucoup plus Beschir, à qui il donnait le pays des Druzes, tandis qu’aux fils de Joussef restait celui de Gibel et de Kosrouan.

Ce traité fut observé peu d’années. Les fils de Joussef cherchaient tous les moyens possibles de renverser leur ennemi. Comme ils étaient les plus forts, ils y réussirent ; et Djezar ne voulant plus écouter les représentations de Beschir, l’usurpation fut sanctionnée. L’émir n’avait plus dès lors d’autres ressources que de se jeter dans les bras du vice-roi d’Égypte.

L’amiral anglais Sydney-Smith se trouvait à cette époque, avec quelques vaisseaux, dans les parages de la Syrie. Beschir le supplia de le recevoir à son bord, et de le transporter en Égypte. Après être resté plusieurs mois sur mer et avoir touché Chypre, Smyrne, Candie et Malte, il débarqua à Alexandrie, où il alla trouver le vice-roi, suivi de quelques amis restés fidèles à sa fortune.