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étrangers que nous rencontrâmes à Jaffa. Ils restent déserts, pendant que les pèlerins cherchent avec peine l’abri de quelque misérable kan turc, ou l’hospitalité onéreuse de quelque pauvre toit de Juif ou d’Arménien habitant de Jaffa.

Aussitôt hors des murs de Jaffa, on entre dans le grand désert d’Égypte. Décidé alors à aller au Caire par cette route, je fis partir un courrier pour El-Arich, afin d’y louer des dromadaires pour passer le désert. La route de Jaffa au Caire peut se faire ainsi en douze ou quinze jours ; mais elle offre de grandes privations et de grandes difficultés. Les ordres du gouverneur de Jaffa, et l’obligeance des principaux habitants de la ville en relation avec ceux de Gaza et d’El-Arich, les avaient beaucoup aplanies pour moi.

Le gouverneur nous envoya quelques cavaliers et huit fantassins, choisis parmi les hommes les plus braves et les plus policés du dépôt de troupes égyptiennes qui lui restaient. Ils campèrent cette nuit même à notre porte. Au lever de l’aurore, nous étions à cheval. Nous trouvâmes à la porte de la ville, du côté de Ramla, une foule de cavaliers appartenant à toutes les nations qui habitent Jaffa. Ils coururent le djérid autour de nous, et nous accompagnèrent jusqu’à une magnifique fontaine, ombragée de sycomores et de palmiers, qu’on rencontre à une heure de marche. Là, ils déchargèrent leurs pistolets en notre honneur, et reprirent le chemin de la ville. Il est impossible de décrire la nouveauté et la magnificence de végétation qui se déploie des deux côtés de cette route, en quittant Jaffa. À droite et à gauche, c’est une forêt variée de tous les arbres fruitiers