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par un pays stérile et dépeuplé, à un petit village où nous trouvons un abri, des poules et du riz. La pluie nous a inondés tout le jour ; nous ne sommes plus qu’à huit heures de route de la vallée de Bkâ ; mais nous l’abordons par son extrémité orientale, et beaucoup plus bas que Balbek.




Même date.


Arrivés à trois heures après midi en vue du désert de Bkâ. Halte et hésitation dans la caravane. La plaine, depuis le point où nous sommes jusqu’au pied du Liban, qui se dresse comme un mur de l’autre côté, ressemble à un lac immense, du milieu duquel surgissent quelques îles noirâtres, des cimes d’arbres submergés et de vastes ruines antiques, sur une colline à trois lieues de nous. Comment se lancer sans guides, au hasard, dans cette plaine inondée ? Il le faut cependant, sous peine de ne plus passer demain ; car la pluie continue, et les torrents versent de toutes parts leurs eaux dans le désert. Nous marchons pendant deux heures sur des parties plus élevées de la plaine, qui nous approchent de la colline, où les grandes ruines du temple nous apparaissent. Nous laissons à notre gauche ces débris inconnus de quelque ville, sans nom aujourd’hui, contemporaine de Balbek. Des tronçons de colonnes gigantesques