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opposés de la Seine ou des collines de Meudon ; mais ces sites champêtres sont entourés de trois côtés par la mer, et dominés du quatrième côté par les coupoles des nombreuses mosquées, et par un océan de maisons et de rues qui forment la véritable Constantinople ou la ville de Stamboul. La mosquée de Sainte-Sophie, le Saint-Pierre de la Rome d’Orient, élève son dôme massif et gigantesque au-dessus et tout près des murs d’enceinte du sérail.

Sainte-Sophie est une colline informe de pierres accumulées et surmontées d’un dôme, qui brille au soleil comme une mer de plomb. Plus loin, les mosquées plus modernes d’Achmet, de Bajazet, de Soliman, de Sultanié, s’élancent dans le ciel avec leurs minarets entrecoupés de galeries moresques ; des cyprès aussi gros que le fût des minarets les accompagnent, et contrastent partout, par leur noir feuillage, avec l’éclat resplendissant des édifices. Au sommet de la colline aplatie de Stamboul, on aperçoit, parmi les murs des maisons et les tiges des minarets, une ou deux collines antiques noircies par les incendies et bronzées par le temps : ce sont quelques débris de l’antique Byzance debout sur la place de l’Hippodrome ou de l’Atméidan. Là aussi s’étendent les vastes lignes de plusieurs palais du sultan ou de ses vizirs : le Divan, avec sa porte qui a donné le nom à l’empire, est dans ce groupe d’édifices ; plus haut, et se détachant à cru sur l’horizon azuré du ciel, une splendide mosquée couronne la colline et regarde les deux mers : sa coupole d’or, frappée des rayons du soleil, semble réverbérer l’incendie, et la transparence de son dôme et de ses murailles, surmontées de galeries aériennes, lui donne l’apparence d’un monument d’argent ou de porcelaine bleuâtre.