Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 7.djvu/424

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Ces vues sont comme des plans sans perspective : elles sont parfaitement conformes à ce qu’Ali-Bey rapporte de la Mecque, de la Kaaba, et de la disposition de ces divers monuments sacrés de la ville sainte. Elles prouvent que ce voyageur est allé réellement les visiter. Ce qu’il dit de la galerie circulaire qui entoure l’aire des différentes mosquées est attesté par ces peintures. On y voit ce portique, qui rappelle celui de Saint-Pierre de Rome.

En suivant la plate-forme du palais à gauche, on arrive, par un étroit balcon supporté par de hautes terrasses, au harem ou palais des sultanes. Il était fermé ; il n’y restait qu’un petit nombre d’odalisques. Nous n’approchâmes pas plus près de ce séjour interdit à l’œil. Nous vîmes seulement les fenêtres grillées et les délicieux balcons, entourés aussi de treillis et de persiennes entrelacées de fleurs, où les femmes passent leurs jours à contempler les jardins, la ville et la mer. Nous plongions de l’œil sur une multitude de parterres entourés de murs de marbre, arrosés de jets d’eau, et plantés, avec soin et symétrie, de toutes sortes de fleurs et d’arbustes embaumés. Ces jardins, auxquels on descend par des escaliers, et qui communiquent de l’un à l’autre, ont quelquefois aussi d’élégants kiosques ; c’est là que les femmes et les enfants du harem se promènent et jouissent de la nature.

Nous étions arrivés à la pente du sérail, qui commence à redescendre de là vers le port et vers la mer de Marmara. C’est le sol le plus élevé de ce site unique dans le monde, et d’où le regard possède toutes les collines et toutes les mers de Constantinople. Nous nous arrêtâmes longtemps pour en jouir. C’est l’inverse de la vue que j’ai décrite du