Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/16

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passer la Drina furent faits prisonniers. Kara-George, qui n’avait avec lui que sept mille hommes d’infanterie et deux mille hommes de cavalerie, se porte rapidement sur Ibrahim-Pacha qui assiégeait Daligrad, ville survienne, défendue par un autre chef nommé Dobrinyas. À son approche, Ibrahim demanda à entrer en pourparler. Des conférences eurent lieu à Smaderewo ; il s’ensuivit une pacification momentanée de la Servie, à des conditions favorables au pays. Ce ne fut qu’un de ces entr’actes qui laissent respirer l’insurrection, et accoutument insensiblement les nations à cette demi-indépendance qui se change bientôt en impatience de liberté. Peu de temps après, Kara-George, qui n’avait pas licencié ses troupes parce que les décisions du muphti n’avaient pas ratifié les conditions de Smaderewo, marcha sur Belgrade, capitale de la Servie, ville forte sur le Danube, avec une citadelle et une garnison turque ; il s’en empara. Guscharez-Ali, qui commandait la ville, obtint de Kara-George la permission de se rendre à Widin, en descendant le Danube. Soliman-Pacha resta dans la citadelle ; mais, au commencement de 1807, s’étant mis en marche avec deux cents janissaires qui lui restaient pour rejoindre les Turcs, il fut massacré avec eux par l’escorte même que Kara-George lui avait donnée pour protéger sa retraite. On n’accusa pas Kara-George de cette barbarie. Elle fut l’effet de la vengeance des Serviens contre la race des janissaires, dont la domination féroce les avait accoutumés à de pareilles exécutions.

Ces succès de la guerre de l’indépendance valurent à la Servie sa constitution toute municipale. Les chefs militaires, nommés weyvodes, s’étaient substitués partout aux pouvoirs