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civils. Ces weyvodes étaient soutenus par une cavalerie formée de jeunes gens des plus riches familles, qui ne recevaient pas de solde, mais qui vivaient aux frais des weyvodes, et partageaient avec eux le butin. Quelques-uns des weyvodes avaient autour d’eux jusqu’à cinquante de ces jeunes cavaliers. Les plus marquants de ces chefs étaient alors Jacob Nenadowitsch, Milenko, Dobrinyas, Ressava, et, au-dessus de tous, Kara-George.

Un sénat, composé de douze membres élus par chacun des douze districts, devait présider aux intérêts généraux de cette espèce de fédération armée, et servir de contre-poids à ces pouvoirs usurpés. Ce sénat se montra digne de ses fonctions. Il régularisa les finances, régla l’impôt, consacra la dîme à la solde des troupes, et s’occupa de l’enseignement du peuple avec un zèle et une intelligence qui indiquaient dès lors un profond instinct de civilisation. Ils substituèrent à l’enseignement routinier des cloîtres et des couvents, des écoles populaires dans chaque ville chef-lieu des districts. Malheureusement ces sénateurs, au lieu de tenir leur mandat du pays tout entier, ne représentaient que les weyvodes, et étaient par conséquent soumis à leur seule influence.

Un autre corps politique délibérant, composé de weyvodes et des hospodars eux-mêmes, retenait les affaires les plus importantes, et la souveraineté disputée se partageait entre ce corps et Kara-George. Tous les ans, vers Noël, les weyvodes qui le composaient se réunissaient à Belgrade, et y traitaient, sous les yeux de ce chef et au milieu des intrigues qui les enveloppaient, de la paix, de la guerre, de la