Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rapproche, il s’écarte, et Hassan en sort sur le chameau d’Hamzi, qu’il presse de ses cris et du fer de sa lance. La tribu se porte en tumulte au-devant de lui ; elle le ramène au camp en triomphe ; il tombe haletant dans les bras d’Hamzi, qu’il justifie et qu’il appelle son frère ; et les deux familles réconciliées se jurent une alliance éternelle.

» Voilà, poursuivit Fatalla, l’histoire d’Hamzi telle que je l’ai recueillie de sa propre bouche. J’ai pensé qu’elle vous plairait, à vous qui aimez les choses et les hommes du désert.

» — Et qu’est devenu, lui demandai-je, le roi des Wahabis, ce terrible Ebn-Sihoud, dont le nom remplit les récits de votre grand voyage ?

» — Oh ! me répondit Fatalla, sa fin a été aussi tragique que sa vie. Le hasard m’en a fait témoin oculaire.

» Peu de temps avant mon retour au désert, j’avais fait un voyage à Constantinople. Un jour que je me promenais sur le port, j’entendis une grande rumeur autour de moi, comme celle d’une foule qui s’interroge et qui s’écrie. Des groupes de marchands et de bateliers se montraient du doigt un vaisseau égyptien armé en guerre, qui arrivait voiles déployées ; et ils levaient les bras au ciel en glorifiant le Prophète. Je m’approchai d’un de ces groupes, et je demandai à un négociant turc quelle cargaison si magnifique ou si rare apportait donc ce vaisseau, pour attirer les yeux et l’attention de tous parmi les milliers de bâtiments qui encombraient le port. « Ce vaisseau, me répondit-il, apporte