Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/42

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Plein de fureur, il la prit par ses blanches mains,
Il l’entraîna aux champs, en rase campagne ;
Il l’attacha à la queue de ses coursiers,
Et les lâcha tous quatre sur la vaste plaine.
Là où tomba une goutte de son sang,
Crûrent des immortelles et des basilics ;
Mais à l’endroit où elle tomba morte,
S’éleva subitement une église.

Peu de temps s’était écoulé depuis ceci,
Lorsque la jeune épouse de Paul tomba malade.
Gravement malade elle demeura durant neuf années ;
La corruption se mit dans ses os ;
Des vers venimeux fourmillaient dans ses plaies,
Et en secret rongeaient ses chairs.
Pleine de douleur et de désespoir, elle gémit,
Et parle ainsi à son époux et maître :

« Écoute-moi, ô mon époux et seigneur !
Conduis-moi à l’église de ta sœur,
Pour essayer de me réconcilier avec elle. »
Quand Paul eut entendu ces paroles,
Il conduisit son épouse à l’église merveilleuse ;
Mais quand elle fut devant ses murs,
Une voix menaçante sortit de la blanche église :
« N’avance point, épouse de Paul !
Rien ne peut te réconcilier avec l’église ! »
La jeune femme entendit ceci avec épouvante,
Et implora ainsi son seigneur :