Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/56

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Tu es justement tombé sous la main
Qui te peut fiancer, mon garçon ! »

Parlant ainsi, ils arrivèrent devant Udbinja,
Sous les tours de Mustaj-Beg de Lika.
Grands et petits regardent la troupe de guerriers.
Hajkuna aussi, l’aimable sœur de Mustaj,
Regarde du haut de sa blanche tour ;
Assise à son métier de corail,
Et dans les mains des aiguilles de cristal,
Elle couvre d’un or brillant une blanche étoffe.
Quand elle vit revenir les chasseurs
Conduisant un guerrier chargé de liens,
Malgré l’éclat de ses puissantes armes,
Curieuse, elle poussa le métier loin d’elle,
Et si vivement, que deux pieds s’en rompirent ;
Et, surprise, elle se dit ces paroles, la belle fille :

« Bon Dieu… quelle merveilleuse aventure !…
Que ce guerrier me semble fier et vaillant !
Comment a-t-on pu le surprendre ?…
Ce n’est pas sans faire beaucoup de blessures
Que ses mains ont été ainsi garrottées ? »

Mais lorsqu’elle compta les guerriers,
Voyez ! sept compagnons manquaient au nombre !
Elle se rendit auprès de son frère.
Le beg débarrassa le chrétien de ses armes ;