Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 8.djvu/88

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Quand le More arrivera avec les convives,
Qu’on le reçoive et le traite bien ;
Et toi aussi, accueille le More,
Et garde qu’il ne s’élève aucune querelle dans la cour.
Je sais bien le temps que je prendrai pour t’enlever,
Si Dieu et la fortune des héros le permettent. »

Là-dessus, Marko retourne à son hôtellerie,
Et la vierge au palais de son père ;
Et elle dit en hâte à ses nobles parents
Que Marko de Prilip était arrivé.
Le sultan et la sultane, ayant entendu cela,
Firent préparer un magnifique repas,
Bien pourvu de vin rouge et précieux,
Et l’envoyèrent à Marko dans l’auberge.

Marko se mit à table, et il savourait son vin,
Lorsque dans Stamboul chaque porte se ferma,
Et l’hôte lui-même vint pour tout fermer.
Et le fils de roi, Marko, lui demanda :
« Pourquoi donc fermez-vous si tôt les portes ? »
Sur quoi l’hôte lui fit pour réponse :
« Eh ! par le ciel ! guerrier étranger,
Ignorez-vous que le More a demandé la princesse en mariage ?
Et cela, pour la honte et la douleur de notre maître ?
Aujourd’hui soir, il vient pour la chercher ;
Et comme nous avons grand’peur de lui,
Nous fermons de bonne heure les portes et les boutiques. »