Page:Lamartine - Cours familier de littérature, un entretien par mois, 1858.djvu/27

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Ne voit-on pas filtrer goutte à goutte un peu d’eau,
Où, pourvu que le Ciel avare un jour y pleuve,
Altéré par ses chants, ton rossignol s’abreuve ?
Ne voit-on pas du seuil luire entre les rochers
La plaine aux bleus sillons que fendent les nochers,
Où la vague à la vague, en jetant son écume,
Passe dans la lumière et se perd dans la brume ?
N’en respire-t-on pas, jusque sur la hauteur,
Comme d’un foin fauché l’enivrante senteur ?
Le choc de ses flots lourds, quand l’autan les soulève,
N’y fait-il pas voguer, rouler, trembler en rêve ?
Le terrible infini qu’on voit à l’horizon
N’y refoule-t-il pas le cœur à la maison ?
N’y bénit-on pas Dieu de cet arpent de terre
Où l’on repose en paix sous l’arbre sédentaire,
Où l’on s’éveille au moins comme on s’est endormi,
Sur cette fourmillière où l’homme est la fourmi ?

Enfin, autour du seuil de la hutte cachée,
Ne voit-on pas toujours la terre frais bêchée
Verdoyer du duvet des semis printanniers
Dont les cœurs de laitue enfleront les paniers ?
La bêche au fil tranchant que le gazon essuie,
L’arrosoir au long cou qui simule la pluie,
L’échelle qui se dresse aux espaliers des toits,